La
Médiation familiale et la place des enfants dans ce processus.
1.
La médiation familiale sur démarche volontaire
La
possibilité d'entretiens de médiation familiale s'adresse
à toute personne prise dans un conflit familial et qui accepte
d'en discuter avant, pendant ou après une procédure judiciaire.
Le
médiateur propose un espace de communication, un lieu, un temps
donné à un processus où un tiers (le médiateur)
à travers la conduite d'entretiens, permet aux parties en conflit
d'entendre leurs divers points de vue, de rechercher des " portes
de sortie ", des solutions au litige qui les oppose et ainsi de
leur redonner la capacité de prendre des décisions ou
des orientations qui réaménageront leur avenir.
Dans
le cas de séparation de couples avec enfants, les parents expriment
souvent leur souci commun de ce qui est de nature à favoriser
une saine évolution de leurs enfants vers l'âge adulte
: la couverture des besoins d'affection, d'autonomie, de sécurité,
les limites à poser
mais, ils ne sont plus d'accord sur
les moyens d'assurer ce bien-être après leur séparation
et ils se heurtent aux questions concrètes liées à
au partage de l'hébergement, à la somme d'argent que chacun
peut consacrer, au choix d'école, aux loisirs
Aux
difficultés fréquentes sur le partage de l'hébergement,
se greffe un contexte matériel parfois insécurisant voire
angoissant (le sort de la maison, la satisfaction des besoins soumis
à diverses frustrations dues à la baisse de revenus).
C'est
dans ce contexte de négociations que le contact du médiateur
avec les enfants est possible, mais il n'aura lieu que lorsque le projet
de séparation sera imminent et que les parents auront pu entrevoir
la continuation "d'un couple parental " sur les cendres du
couple conjugal.
Les
enfants sont appelés dans le cadre de " la créativité
familiale " à donner un avis, mais le pouvoir de décision
appartient toujours aux parents.
2.
La médiation familiale dans le cadre d'une procédure judiciaire
Dans
ce cas le mandat est donné, par le Tribunal de la jeunesse, par
le juge des référés, par la Cour d'Appel ou le
Juge de Paix, qui sont les instances judiciaires compétentes
en matière de litiges familiaux.
Dans
ce cadre, les conjoints sont le plus souvent engagés dans une
escalade judiciaire et procédurière qui dure parfois depuis
plusieurs années.
L'enfant
est trop souvent au cur du conflit et il devient l'enjeu d'une
hypothétique victoire sur l'autre parent.
Pour
tenter de désamorcer cette escalade et conscient que le judiciaire
ne mettra jamais fin au conflit dans lequel les parents semblent se
complaire, le juge peut suggérer la médiation et si il
parvient à recueillir l'accord des personnes, il peut désigner
un médiateur.
On
pourrait imaginer également que le mandat serait donné
par le Service de Médiation Pénale quand le droit aux
relations personnelles n'a plus été respecté et
qu'une plainte a été déposée.
Dans
cette pratique de la médiation familiale sur mandat judiciaire,
le juge pourra demander que l'enfant soit entendu.
Avant
de recevoir l'enfant, il est nécessaire que les parents, au cours
d'entretiens préalables, aient pris conscience de la réalité
de leur rôle parental parasité par le conflit conjugal,
aient pu se redéfinir en tant que père et mère
séparés, formuler leur attentes respectives l'un vis-à-vis
de l'autre et exprimer également leurs peurs et leur détresse
quant l'enfant est " chez l'autre ".
L'enfant
qui arrive chez le médiateur est conscient des rencontres préalables
du médiateur avec ses parents. Il est entendu seul en bénéficiant
évidemment de la confidentialité. Il n'a pas de décision
à prendre. Il est informé par le médiateur des
points éducatifs sur lesquels ses parents se sont mis d'accord
(études, choix d'école, loisirs, santé,
)
et des points encore en questionnement (le plus souvent le temps d'hébergement).
Il est invité à dire ce qu'il en pense, quelles sont ses
prétentions et comment il imagine les relations idéales
dans l'avenir entre lui et ses parents.
En
général, les enfants sont surpris du fait que leurs parents
aient pu se retrouver face à face " sans s'étriper
" et sont rassurés qu'ils tentent de construire une entente
à leur sujet. Même s'ils sont désarçonnés,
ils sont soulagés quand les médiateurs leur disent : "
ce n'est pas vous qui décidez, vous donnez votre avis et vos
parents décideront ensemble ce qui est mieux pour vous ".
3.
Conclusion :
Que
la médiation familiale soit demandée d'initiative par
les parents ou proposée par l'ordre judiciaire, il faut souligner
que la présence d'un médiateur permet avant tout aux acteurs
d'un conflit d'être dans un lieu où se tait la logique
conflictuelle d'escalade, où une autre logique peut ouvrir des
issues pour négocier " la distance de tolérance "
nécessaire aux parents pour prendre les décisions qui
mèneront leurs enfants à l'âge adulte.